OBJET D’ETUDE :
« Promouvoir une Activité Physique (A.P.) régulière et autonome chez les adolescents »
Depuis 2 ans, notre régionale a placé au centre de sa réflexion l’intérêt que nous avions, en tant qu’enseignant d’EPS, à promouvoir une AP régulière et autonome dans le cadre d’une éducation à la Santé.
En effet, d’un côté on observe une certaine « attitude zapping » qui pousse les adolescents d’aujourd’hui à évincer, contourner … les efforts (plus intenses ou plus longs que d’habitude) qui s’imposent à eux ; ces derniers préférant désormais opter pour des activités de loisirs de plus en plus sédentaires ou modérées (jeux interactifs, loisirs audiovisuelles ou informatiques…)… « Monsieur, qu’est-ce qu’il faut faire pour avoir la moyenne ? »
Autrement dit, la notion d’effort deviendrait un obstacle à la pratique physique régulière et d’intensité modérée, jugée favorable à la santé.
De plus, la sédentarité croissante liée entre autre au fait que la vie quotidienne offre de moins en moins de possibilités d’AP (augmentation du temps de travail, recherche de loisirs de détente…), provoquerait de graves conséquences sur la santé publique : soit 2/3 des 15 à 18 ans n’auraient pas le niveau d’activité recommandé (Rapport de l’OMS, 2009) ; moins d’un ado sur deux atteint un niveau d’activité physique entraînant des bénéfices pour la santé, avec une forte différence entre les sexes avec + de 6 garçons sur 10 contre moins d’une fille sur 4 (Rapport de l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, in Le Monde 25/08/2009, P. SANTI)…
Bref, le niveau d’activité physique des jeunes et des moins jeunes interpelle les pouvoirs publics (on dira que … c’est déjà trop tard pour certains…, mais pas encore trop tard pour les autres !) : si dans un premier temps les stratégies de promotion de la santé se sont beaucoup concentrées sur l’alimentation et son rôle dans diverses maladies, le manque d’activité physique ou sportive devient désormais un déterminant majeur de l’état de santé des individus à tous les âges. C’est dans cette perspective que de nombreuses recommandations invitent les différents acteurs de la santé publique à inciter les individus à pratiquer régulièrement une activité physique ou sportive favorable à la santé. N’oublions pas que nous accueillons un public potentiellement porteur des valeurs positives vis-à-vis de leur santé, pour être légitimes : nous serions parmi les seules acteurs dans cette éducation à la santé, à pouvoir véhiculer à l’ensemble des individus âgés de 3 à 16 ans les différents savoirs nécessaires à une attitude santé positive, et cela, sur une période suffisamment longue pour transformer les pratiques ! Alors ne négligeons pas cet atout.
Durant l’année 2009 / 2010, notre régionale avait répondu à cette problématique en participant entre autre au séminaire académique organisé par le Rectorat dans le cadre de la formation continue. Si l’enjeu du débat était d’identifier différentes stratégies favorisant l’adhésion des adolescents à la pratique physique favorable à la santé, l’AEEPS Guadeloupe y a contribué en montrant que pour inciter et maintenir l’engagement des adolescents à pratiquer une AP, de façon régulière et utile, il convenait de (re)construire une relation de plaisir à l’effort ressenti au cours de nos séances d’EPS. Notamment en développant chez les pratiquants un besoin d’accomplissement à travers des expériences sportives ou physiques « goûteuses » qui non seulement stimulent l’envie de bouger, mais qui suscitent aussi le besoin de s’accomplir: passer d’un plaisir d’agir à la joie de s’accomplir !
Les formes scolaires de pratique physique et les expériences corporelles dites Epreuves/Preuves développées par le Groupe Plaisir de l’AEEPS sont autant de stratégies d’enseignement que nous proposions d’investir pour répondre à la problématique de départ.
Pour l’année 2010 / 2011, nous poursuivons le même objet d’étude mais en se focalisant sur le public féminin : un a plus de chance d’être sédentaire quand on est une fille de milieu défavorisé (INSERM, Baromètre Santé, 2008), moins d’une fille sur 4 atteint le niveau d’activité entraînant des bénéfices pour la santé (Rapport de l’AFSSA, 2009), le taux croissants de dispenses aux examens depuis 3 ans alors que les inscriptions en salle de remise en forme augmentent (MEN, 2009)… En d’autres termes, le manque d’activité physique des filles sur leur temps scolaire nous pousse à s’interroger pourquoi elles s’investissent autant ailleurs, et peu voire jamais en EPS.
Parallèlement, nous contribuerons à l’enrichissement des propositions faites dans le cadre de la CP 5, notamment à travers les stages de « musculation sans appareillage » et de « Course de Durée ». En effet, si la CP 5 nous semble être une compétence utile et incontournable pour espérer donner les moyens aux élèves d’adopter une attitude positive vis-à-vis de soi, il n’en reste que les supports que nous devrions utiliser pour développer celle-ci, doivent offrir l’occasion à ces mêmes élèves de poursuivre en dehors du temps scolaire leur pratique EPS : c’est uniquement dans ce contexte que nous pourrions espérer les impliquer dans une pratique à plus ou moins long terme, et par la même, qualifier leur pratique « d’autonome et de régulière » ! C’est en ce sens que nous accordons à ces deux activités physiques l’avantage d’être économique , de répondre aux préoccupations des adolescents liées à leur image personnelle et d’être pratiquées facilement chez eux ou ailleurs sans la présence d’un coach.
James JOSEPH
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